L'illustration : journal universel . ume, portant une immense crécelle, parcourait la rue ensarrêtant un instant a chaque porte ; et soit quil rendithommage à mon aïeule, soit quil voulût ajouter le sarcasmeà la mystification, il fit devant moi sa pause la plus longueet son tapage le plus acharné. Je rentrai au logis, trépignant de rage, et jallai me jeterdans les bras de ma grandmère. « Le méchant, mécriai je, il la fait pour se moquer demoi ! » Et je me mis à verser des larmes. « Cher petit ! me dit mon aïeule, en tirant de son grandsac un bonbon qui me calma soudain. — lenfant de chœurne pe


L'illustration : journal universel . ume, portant une immense crécelle, parcourait la rue ensarrêtant un instant a chaque porte ; et soit quil rendithommage à mon aïeule, soit quil voulût ajouter le sarcasmeà la mystification, il fit devant moi sa pause la plus longueet son tapage le plus acharné. Je rentrai au logis, trépignant de rage, et jallai me jeterdans les bras de ma grandmère. « Le méchant, mécriai je, il la fait pour se moquer demoi ! » Et je me mis à verser des larmes. « Cher petit ! me dit mon aïeule, en tirant de son grandsac un bonbon qui me calma soudain. — lenfant de chœurne pensait pas à toi ; oublies-tu donc que nous sommes aujeudi saint? Nous navons plus de cloche, il venait nous an-noncer lheure des vêpres. — Comment, grandmère, plus de cloche? je lai enten-due ce — Ce matin ; mais ce soir elle sest en allée. — Où donc, grandmère??— A Rome, mon enfant. — A Rome !.. Et pourquoi? — Parce quelle y va chaque année le jeudi saint. — Et pourquoi faire ? ^^^. ( Le voyage des cloches à Rome. Dessin par Grandville. ) — Ah ! bien des choses. Elle va voir le saint-père. — Et les autres? — Comment les autres? — Les cloches de la ville, celle des autres églises? — Elles y vont aussi. — Quoi, toutes? — Oui, toutes. — Oh! grandmère ! dis-je en Mais, ajoutai-jeavec inquiélude, quand reviendront-elles? — La veille de Pâques, à midi, et elles sonneront bienfort pour rattraper le temps perdu. — Oh! tant mieux! je pourrai reconnaître le marchandde gâteaux. » Et ma grandmère, achevant dessuyer mes larmes par ungros baiser, me prit parla main et memmena à vêpres. Chaque année, depuis lors, quand venait le jeudi saint,je me rappelais la crécelle de lenfant de chœur, mes petitsgâteaux et le départ de la cloche. Bien des fois je regardainaïvement entre les ouvertures du clocher pour voir si la place était vide. Bien des fois, doutant de lassertion de niagrandmère, jai de


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